Un nœud rose pour des vies sauvées

«Faire de ce monde un monde sans cancer»: voilà la mission que s’est donnée la Fondation Cancer depuis 1994 au Luxembourg. En ce sens, elle agit pour l’information, l’accompagnement des malades et la recherche avec l’aide de ses donateurs. Durant la campagne Octobre Rose, elle s’implique pour que les femmes effectuent une mammographie et, le cas échéant, traitent le plus tôt possible un cancer du sein, première cause de décès par cancer chez elles. Rencontre avec Lucienne Thommes, directrice de la Fondation.

Un mois pour passer à l’action

Chaque année depuis 1985, le mois d’octobre est consacré à la sensibilisation au cancer du sein et à la récolte de fonds pour la recherche. L’objet principal d’Octobre Rose est avant tout la détection de la maladie – et, partant, sa guérison – et non sa prévention. «Éliminer tous les facteurs de risque représente un objectif quasiment inatteignable. Certes, l’hygiène de vie, élément contrôlable, a un impact sur la probabilité de développer la maladie, mais les concernées par cette dernière n’ont pas de pouvoir sur les causes principales, à savoir le sexe (sur 100 nouveaux cas, 99 sont des femmes et 1 est un homme), l’âge et la génétique», précise la directrice de la Fondation Cancer.

Dans ce cadre, un programme de dépistage est mis en place afin d’inciter les femmes de 50 à 70 ans – la tranche d’âge la plus touchée – à effectuer une mammographie. «Le cancer du sein demeure le plus répandu et la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Tous les ans, ce sont environ 500 nouvelles personnes diagnostiquées au Luxembourg. Bien que la population soit de plus en plus informée sur le sujet, plusieurs obstacles entravent encore la détection précoce de cette maladie. Seules 50% des concernées par le programme national de mammographie y participent! Cela prouve bien que l’information ne suffit pas. Une campagne incitant à l’action est indispensable, car ça n’arrive pas qu’aux autres… et c’est bien là que réside tout l’intérêt d’Octobre Rose: prendre conscience que toutes les femmes peuvent en être victimes, en particulier à partir de la ménopause. En revanche, il me tient à cœur de rappeler que, au cours de sa vie, une femme a un risque de 13% de développer un cancer du sein. À l’inverse, cela signifie qu’elle a 87% de chance d’y échapper! S’il est donc essentiel de participer au programme, il ne faut pas non plus nourrir une peur irrationnelle surtout chez les jeunes femmes», déclare Lucienne Thommes. 

Une lutte contre le cancer du sein…

Créée en 1994 au Luxembourg, la Fondation Cancer s’investit activement dans le programme national de mammographie. «Notre objectif est de toucher le plus de citoyens possible. Nous avons lancé une campagne de sensibilisation sur nos réseaux sociaux. Notre tour de cubes aux couleurs de ce mois important informe les visiteurs de centres hospitaliers ainsi que les employés de certaines sociétés privées et organisations publiques. Nous organisons en outre des conférences en langues française, luxembourgeoise et anglaise sur demande. Les entreprises et institutions font appel à nous pour en mettre une en place à destination de leurs collaborateurs. Celles-ci peuvent être ponctuelles ou divisées en plusieurs séances», détaille la directrice.

Une campagne incitant à l’action est indispensable, car ça n’arrive pas qu’aux autres

La Fondation Cancer ne s’arrête pas là puisqu’elle s’investit également dans la recherche. Grâce à l’aide de ses donateurs, elle soutient et finance des projets scientifiques d’envergure. Par exemple, elle a attribué plus d’un million d’euros au projet «The AURORA Program: Aiming to Understand the Molecular Aberrations in Metastatic Breast Cancer» qui a pour but de mieux comprendre la progression du cancer du sein au niveau génétique et surtout d’identifier les anomalies à l’origine des métastases. «Sans la contribution de nos donateurs, notre fondation ne pourrait pas exister. Leur fidélité assure notre pérennité et nous est véritablement indispensable, car 95% de nos revenus sont issus de leur générosité. Durant la campagne Octobre Rose, nous proposons un bracelet ou un tour de cou pour tout don de cinq ou sept euros», ajoute Lucienne Thommes.

L’engagement de la Fondation Cancer se constate tout au long de l’année. «L’une de nos missions centrales est l’accompagnement des malades et la préservation de leur bien-être, pendant comme après la maladie. Nos psycho-oncologues opèrent un suivi de la santé mentale des patients, ainsi que de celle de leurs proches. Il faut bien comprendre que, si un cancer impacte principalement le malade, c’est l’ensemble du noyau familial qui est touché, voire les amis et même les collègues de travail de manière indirecte. Nous proposons aussi des services d’esthétique, de la rééducation post-traitement, des consultations en onco-sexologie, etc.», énumère la directrice.

… et tous les autres

Et si vous pensiez que les hommes étaient délaissés par la Fondation Cancer, détrompez-vous: celle-ci est également engagée dans le Movember qui se tient au mois de novembre et a pour but de sensibiliser au cancer du testicule et de la prostate. Elle propose le même accompagnement psychologique aux patients et s’investit pour doper les avancées scientifiques de ces maladies. Au mois de mars, c’est au tour du cancer colorectal de faire l’objet d’une campagne, 2e cancer le plus fréquent chez les femmes et 3e chez les hommes après celui du poumon qui lui aussi fait partie des préoccupations de la Fondation. «Nous souhaitons agir sur tous les fronts afin de réaliser notre rêve un peu fou, mais auquel nous croyons profondément, d’offrir à nos enfants et petits-enfants un monde sans cancer», conclut Lucienne Thommes.

Par P. Paquet