Infobésité et diversité en entreprise: (in)formez-vous en ligne!
Qu’il s’agisse d’épuisement professionnel ou d’orientation sexuelle, les tabous se lèvent petit à petit, tant dans la sphère privée que dans le monde du travail, sans que les individus ni les entreprises ne sachent toujours par quel bout prendre le problème. Pour les y aider, IMS Luxembourg a lancé deux modules d’apprentissage en ligne, l’un pour lutter contre la surcharge informationnelle dans les entreprises, l’autre pour favoriser l’inclusion des personnes LGBTQIA+ sur le marché du travail. Pierre Guillot, Project Manager «Info Flow Savvy», et Priscilia Talbot, Project Manager «Charte de la Diversité Lëtzebuerg», chez IMS présentent ces deux nouvelles ressources.
Combattre l’infobésité
Elle arrive par toutes sortes de canaux, qu’on l’ait recherchée ou non, et peut polluer l’esprit de celui qui y est confronté à l’excès. L’information, lorsqu’elle est trop abondante (on parle d’infobésité ou de surcharge informationnelle), peut nuire à l’esprit humain à divers égards, que ce soit dans la sphère privée ou professionnelle. De plus en plus courante dans les entreprises, l’infobésité engendre des difficultés de traitement et de gestion de toutes ces informations, des difficultés à prendre des décisions, une baisse de productivité, voire de l’anxiété et du stress; autant d’effets néfastes qui ont poussé IMS Luxembourg à sensibiliser employés et employeurs à ses dangers par le biais d’un nouvel e-learning intitulé «Sensibilisation et actions pratiques pour lutter contre la surcharge informationnelle dans les entreprises».
«L’e-learning est structuré en dix modules. Les deux premiers posent le cadre et présentent quelques statistiques relatives au phénomène d’infobésité. Les suivants proposent des clés pour résoudre les problématiques qui y sont liées: l’utilisation efficace et inforesponsable des outils de communication, la séparation entre vie privée et vie professionnelle, le stress, la performance au travail et la gestion des e-mails», détaille Pierre Guillot.
Cet e-learning – financé par Digital Luxembourg, la Chambre de Commerce, la Chambre des salariés, le ministère d’État dédié aux médias et aux services de communication, le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Économie Sociale et solidaire avec l’aide de l’Union européenne et du Fonds social européen – rejoint une série d’autres ressources développées dans le cadre du projet «Info Flow Savvy», comme le guide pratique sur la surcharge informationnelle en entreprise, des formations en entreprise et des événements de sensibilisation. «Avec ce nouvel outil, nous souhaitons travailler les compétences individuelles et collectives des salariés pour que la force de travail luxembourgeoise soit à l’aise avec les nouvelles technologies. C’est un instrument relativement novateur qui répond à une demande post-pandémie. Depuis que celle-ci a émergé, non seulement les RH rencontrent des difficultés de recrutement, mais le bien-être au travail a pris beaucoup d’importance», explique le Project Manager.
Favoriser l’inclusion des personnes LGBTQIA+ en entreprise
En parallèle, IMS Luxembourg a mis en ligne un second module d’apprentissage traitant pour sa part de l’inclusion des personnes LGBTQIA+ sur le marché du travail. L’organisme, qui a détecté un réel engouement pour le sujet il y a trois ans, a aussi constaté une certaine réserve. «Les contacts que nous entretenons avec les entreprises révèlent que celles-ci sont plutôt ouvertes, mais qu’elles ne savent pas sous quel angle aborder ce sujet qui relève, il est vrai, de la sphère privée, mais qui n’est pas sans conséquences sur la vie professionnelle. Forts de ce constat, nous avons décidé de les outiller afin qu’elles puissent développer une stratégie de gestion de la diversité pertinente», indique Priscilia Talbot.
Les sociétés qui développent une politique de gestion de l’information efficace bénéficient d’un avantage concurrentiel sur le marché du travail
Le nouvel outil proposé par IMS se veut complémentaire aux deux guides de bonnes pratiques sur l’inclusion des personnes LGBTQIA+ et transgenres en entreprise déjà disponibles. «L’e-learning aborde la problématique en profondeur et répond à un besoin de sensibilisation et d’information. Si l’homosexualité est globalement bien comprise par la population, notamment grâce aux interventions de certaines personnalités qui font rayonner les membres de la communauté, comme le Premier ministre Xavier Bettel, il n’en va pas de même en ce qui concerne d’autres orientations et identités. La première partie de la formation est donc consacrée à la définition des termes et traite des stéréotypes et des biais inconscients qui sont malheureusement source de discriminations. La seconde donne des pistes pour se défaire de ces idées reçues et propose des actions concrètes à mettre en place aussi bien au niveau personnel qu’organisationnel. Pour ne citer qu’un exemple, nous y abordons la question de la parentalité. Il arrive en effet qu’un employé qui n’a pas fait son coming-out au travail passe sa vie de famille sous silence, se privant ainsi de certains avantages comme le droit au congé parental ou pour raisons familiales», précise la Project Manager.
Cocréé par IMS Luxembourg, certaines de ses entreprises membres et des associations luxembourgeoises comme Rosa Lëtzebuerg et le Centre LGBTQIA+ Cigale qui ont apporté leur expertise du sujet et des réalités nationales, l’e-learning se veut être un outil clé en main que les organisations peuvent utiliser lors de l’onboarding de nouveaux salariés ou comme outil de formation dans le cadre de leur stratégie de gestion de la diversité. Sa création a été rendue possible par un financement du Fonds social européen, du ministère de la Famille, de l’Intégration et à la Grande Région et de l’Œuvre Nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte.
Des problématiques aux enjeux multiples
Si besoin de convaincre les entreprises il y avait, précisons que les problématiques de l’infobésité et de l’inclusion des personnes LGBTQIA+ sont liées à de nombreux enjeux puisqu’il en va non seulement du bien-être au travail, mais aussi de l’attraction et de la rétention des talents ou encore de la performance de l’entreprise.
«Nous savons que les personnes victimes d’une surcharge d’information ont davantage de risques de souffrir d’épuisement professionnel. Ceci est dommageable pour l’entreprise à plusieurs égards. Non seulement ce mal-être entraîne une hausse de l’absentéisme, mais l’infobésité diminue également la performance en matière de prise de décision de même que la créativité et, par conséquent, l’innovation. En outre, il est clair que les sociétés qui développent une politique de gestion de l’information efficace bénéficient d’un avantage concurrentiel sur un marché du travail confronté à une pénurie de main-d’œuvre. À choisir, un candidat boudera une entreprise dans laquelle les flux d’information sont trop importants ou qui ne respecte pas forcément la déconnexion les week-ends ou en soirée et préférera une firme qui lui propose un environnement de travail plus sain», analyse Pierre Guillot.
Les discriminations découlent d’une incompréhension ou d’un manque d’information sur le sujet
«Montrer à ses salariés qu’ils sont acceptés comme ils sont et que l’on crée pour eux un environnement sain et sécuritaire sur les questions LGBTQIA+ renforce forcément leur bien-être au travail et, par conséquent, augmente leur performance et diminue le risque d’absentéisme. Cette attitude est aussi bénéfique à l’image de l’entreprise et participe à l’attraction des talents. Enfin, il a été prouvé que les équipes diversifiées étaient plus créatives et innovantes, ce qui bénéficie au rayonnement de l’entreprise sur le marché!», ajoute Priscilia Talbot.
De grandes espérances
«La thématique de l’infobésité est encore peu traitée au Luxembourg. IMS est la première organisation à prendre le sujet à bras-le-corps et, avec l’e-learning qui y est dédié, espère éveiller les consciences. La surcharge d’information inquiète depuis la révolution industrielle. Si les craintes n’étaient pas forcément fondées à l’époque, elles le sont aujourd’hui en raison de la numérisation croissante. Avec les émissions d’e-mails qui augmentent de 3% chaque année et la quantité de données qui va inévitablement croître à l’avenir, nous souhaitons au moins sensibiliser à la problématique et, au mieux, encourager les entreprises à réorganiser la circulation de l’information de manière que chaque département reçoit uniquement les renseignements dont il a réellement besoin», affirme Pierre Guillot.
Si IMS estime que la problématique de l’inclusion des personnes LGBTQIA+ est davantage considérée, elle reconnaît que les discriminations n’ont pas pour autant disparu. «Ces discriminations découlent d’une incompréhension ou d’un manque d’information sur le sujet. C’est pourquoi, dans un monde idéal, j’aimerais que tout le Luxembourg soit sensibilisé à la question. Plus réalistement, nous souhaitons que notre nouvel outil permette au minimum d’ouvrir le débat dans les entreprises. Et que celles qui ne sont pas encore tout à fait prêtes à proposer ce genre de contenus se rassurent: l’e-learning demeurera disponible sur le site d’IMS et pourra faire l’objet de mises à jour», conclut Priscilia Talbot.
Par A. Jacob