LE MAILLON ESSENTIEL DE LA LOGISTIQUE

Des conteneurs à perte de vue, un entrelacement de rails,… le terminal intermodal Bettembourg-Dudelange voit circuler trains et semi-remorques vers plusieurs destinations pour l’import et l’export. Barbara Chevalier, directrice Stratégie & Business Development de CFL Multimodal, présente l’activité logistique et les perspectives d’avenir de ce secteur.

Quelles sont les activités de CFL Multimodal ?

CFL Multimodal englobe toutes les activités de fret des CFL. Il existe deux grandes sociétés, CFL Multimodal qui a développé tous les services autour de la logistique intermodale et CFL Cargo qui est l’entreprise ferroviaire historique, donc le tractionnaire ferroviaire, celui qui possède les locomotives. Les deux entités sont complémentaires et sont filiales des CFL. Depuis 2015, elles ont décidé d’avoir un développement en commun pour améliorer la logistique multimodale à Luxembourg, mais également sur le marché européen.
Jusqu’à la libéralisation du fret en 2006, CFL Cargo appartenait aux CFL, c’est à partir de cette date que la société anonyme CFL Cargo a été créée, ensemble avec ArcelorMittal étant donné que le groupe sidérurgique était son principal client au Luxembourg. Nous avons ainsi des trains entre les usines et le triage, ici à Bettembourg, avant que les marchandises partent à l’étranger. Ces trains inter-usines permettent d’éviter un flux de camions élevé au Grand-Duché.
Il faut savoir que notre territoire possède un terminal depuis la fin des années 1970, son activité est restée assez limitée pendant presque deux décennies. Ce n’est qu’à partir de 1997 que de vraies réflexions ont débuté pour mettre en place le transport combiné au service de l’industrie nationale, comme le transport route entre le terminal et les clients luxembourgeois ou le développement des activités d’entreposage.

Le nouveau terminal a été inauguré en 2017, quels sont vos autres projets ?

Au fil de ces 20 dernières années, tout un ensemble de services s’est développé autour de l’activité première du terminal. Nous avons toujours été actifs à l’étranger comme au Danemark, en Suède, en Allemagne, en France ou en Belgique. En inaugurant le nouveau terminal en 2017, nous avons pris une nouvelle dimension européenne. Il s’agit désormais de positionner le hub de Bettembourg comme un hub multimodal qui permet de servir l’industrie nationale et de la Grande Région, mais également d’être au centre d’un réseau de trains que nous sommes actuellement en train de construire chaque année afin de connecter le Luxembourg aux différents hubs économiques européens.
Couvrir l’Europe de l’Est fait aussi partie de nos priorités, nous recherchons des partenariats pour trouver des terminaux qui pourraient avoir des intérêts à se lier au Luxembourg. Ce sont des marchés difficiles car la Pologne, la Hongrie et d’autres pays de la région sont historiquement portés sur le transport routier.

« Connecter le Luxembourg aux différents hubs économiques européens »

Est-ce difficile de changer ces habitudes ?

Un transporteur routier réalise le trajet d’un point A à un point B, il sait où se trouve son camion, son chauffeur,… Avec le train et l’organisation du « first and last mile » par exemple, il ne maîtrise pas vraiment son trajet, donc oui il s’agit avant tout d’une évolution dans les mentalités. Malgré cela, de plus en plus de transporteurs perçoivent le potentiel et commencent à intégrer le ferroviaire dans leurs solutions logistiques. Pourquoi ? Car les routes sont de plus en plus congestionnées ou encore car les péages engendrent des frais de route supplémentaires.

Quels sont les autres avantages de la combinaison de ces deux modes de transport ?

Le ferroutage fait partie des solutions intelligentes mises en œuvre. Le transport ferroviaire permet de désengorger les routes et de réduire les émissions de CO2. Il est nécessaire d’avoir les infrastructures pour être à même de transporter des marchandises sur les trains plutôt que sur les routes. Nous avons, par exemple, un train qui circule cinq fois par semaine, dans les deux sens entre Bettembourg et Anvers, transportant en moyenne 60 conteneurs, soit un total de 120. Sans ce train, ces caisses seraient toutes sur la route.
Nous sommes attentifs à toutes les évolutions qui sont en train de se produire : véhicules autonome, le truck platooning (convois de camions semi-automatisés)… mais aussi toutes les avancées dans le ferroviaire qui pourront nous aider dans le futur.

Quelles peuvent-être ces évolutions ?

Nous travaillons sur l’équipement de nos wagons, avec l’installation de capteurs afin de pouvoir les suivre, mais aussi d’affiner leur utilisation et leur maintenance et donc de réduire les coûts. Le digital va transformer certains de nos processus comme le contrôle des trains au départ. Des solutions intéressantes peuvent nous aider à accélérer ces contrôles et les rendre encore plus sûrs. Les locomotives autonomes, qui pourraient être pilotées sur grande ou petite distance, font aussi partie des solutions futures. C’est très difficile de valoriser notre activité, alors qu’elle constitue un véritable enjeu pour aujourd’hui et pour demain. Il faut pouvoir reconnaître la logistique à sa juste valeur. Et les perspectives positives, avec l’amélioration de la qualité du ferroviaire notamment, appuient ce potentiel de développement.

Par Pierre Birck