Zoom sur trois projets pour bâtir l’avenir
Du nord au sud et de l’est à l’ouest, toutes les communes sont confrontées avec plus ou moins d’acuité à une croissance démographique nécessitant l’adaptation de leurs infrastructures. Celle de Schengen, concomitamment responsable du rayonnement touristique de la région par son nom et son histoire, mène de front trois projets d’envergure pour accompagner son développement. Michel Gloden, bourgmestre, Tom Weber et Jean-Paul Muller, échevins, et Marcel Bisenius, ingénieur industriel pour le service technique, présentent ces projets qui, un à un, répondront aux besoins actuels et à venir de la commune.
Un atelier communal moderne et professionnel
Premier des trois projets d’envergure à sortir de terre, celui du nouvel atelier communal (avoisinant les 12 millions d’euros) trouve son origine dans la fusion qui unit désormais les anciennes communes de Schengen, Wellenstein et Burmerange. « Chacune d’elles disposait d’un bâtiment pour son service régie. Par conséquent, la commune fusionnée s’est retrouvée avec beaucoup de matériel et d’effectifs, mais dispersés dans des infrastructures éloignées les unes des autres et ne répondant pas aux exigences actuelles en termes d’équipement. C’est la raison pour laquelle nous avons cherché l’emplacement idéal pour accueillir un bâtiment résolument moderne. Notre choix s’est porté sur un terrain communal localisé à Schwebsingen, au centre géographique de la commune. Une situation stratégique, certes, mais qui apporte son lot de défis. Situé à proximité de la zone de protection du Haff Réimech, l’édifice a été conçu pour se fondre dans le milieu naturel. Il était exclu de construire une « boîte industrielle » en bardage métallique. C’est ainsi que nous avons opté pour une finition en bois », raconte Michel Gloden.
« Lors de sa conception, il avait été décidé que le projet serait mené en deux phases grâce à une superstructure de bureaux pouvant se superposer ultérieurement à un premier module. Suite au Covid-19, alors que le niveau inférieur était déjà en construction, nous avons voté un budget supplémentaire pour réaliser à court terme cette extension initialement prévue à moyen terme. Quatre ans plus tard, avec du retard et maintes autres répercussions de la pandémie, c’est l’immeuble dans son ensemble qui s’apprête à être mis en service », poursuit Marcel Bisenius.
Les services doivent se professionnaliser à mesure que le territoire et la population augmentent
Un grand ensemble qui doit parer à l’augmentation des effectifs du service régie depuis la fusion. « Même en rassemblant les moyens de trois communes, les ressources ne sont pas forcément trop nombreuses car les services doivent se professionnaliser à mesure que le territoire et la population augmentent. Un système dans lequel un employé s’occupe de la coupe des haies un jour et circule à bord des machines du service hivernal le lendemain n’est plus tenable. Une panoplie de missions doit être assurée efficacement et, dès lors, services jardinage, électronique, entretien, atelier mécanique, menuiserie, etc. doivent être distincts. C’est désormais le cas dans notre nouveau bâtiment », indique Jean-Paul Muller.
Outre les divers ateliers, l’édifice qui sera inauguré prochainement abrite des garages pour le matériel roulant, un magasin, des sanitaires, des vestiaires, un réfectoire, une kitchenette et des bureaux pour le service régie. Quant à la superstructure à l’étage supérieur, elle accueille 350 m2 de surface de bureaux où sera rassemblé le personnel administratif de tous les services techniques. « Jusqu’alors, les services techniques et régie opéraient depuis des localités différentes. Ce regroupement va naturellement permettre des synergies et améliorer leur fonctionnement en favorisant les chemins courts, au bénéfice des administrés. Le bâtiment sera d’ailleurs ouvert aux habitants, raison pour laquelle il est conforme aux nouvelles exigences en matière d’accessibilité des lieux publics », explique Tom Weber.
Une page d’histoire, un projet touristique 4 en 1
Commune la plus européenne de tout le Grand-Duché, Schengen capitalise aussi sur son passé historique. Avec le soutien financier du ministère du Tourisme, elle imagine, depuis 2021, la refonte du Musée européen consacré à l’histoire du célèbre accord signé sur son territoire. L’initiative, qui se compose en réalité de quatre sous-projets, bénéficiera non seulement au développement touristique de la commune, mais aussi à celui de toute la région, voire, de tout le pays.
« En août 2021, des représentants du ministère du Tourisme et de la commune se sont rendus à Ratisbonne, en Allemagne, afin d’acquérir l’ancien bateau MS Princesse Marie-Astrid sur lequel a été signé l’accord de Schengen le 14 juin 1985 et qui naviguait depuis quelques années en tant que bateau d’excursion sur le Danube sous le nom de MS Regensburg. Dorénavant, le navire sera la pièce maîtresse du musée, aux côtés duquel il sera accosté. Partie intégrante de l’exposition, la salle de la signature sera désormais ouverte au public. Le reste des espaces du bateau sera utilisé comme surface multifonctionnelle : d’un côté les touristes trouveront un lounge, de l’autre une salle pouvant accueillir expositions ou conférences », déclare le bourgmestre qui a apposé sa signature sur l’acte de rachat.
« Par chance, l’ancien propriétaire du bateau l’a conservé dans son état d’antan. Les visiteurs pourront donc s’immerger dans l’histoire. Néanmoins, nous avons décidé de moderniser tous les équipements techniques du navire. Ainsi, les anciens moteurs à combustion ont fait place à des moteurs électriques. Le système de navigation, de radio-transmission et les radars ont également été renouvelés. Enfin, nous avons installé un ascenseur pour le rendre accessible aux personnes à mobilité réduite. Il s’agit là d’un véritable sous-projet dans cette vaste refonte du site », précise Marcel Bisenius.
Cette nouvelle exposition n’a pas son pareil dans toute la Grande Région, voire au-delà
Par conséquent, la commune a dû projeter, à proximité directe de son musée, la création d’un quai où accoster le bateau. Confié aux bons soins de l’Administration des ponts et chaussées, celui-ci fera le trait d’union entre le Princesse Marie-Astrid et le reste de l’espace d’exposition, lui aussi rénové pour l’occasion.
« Le musée fait peau neuve grâce au concours d’un nouveau scénographe et d’un comité scientifique chargé d’aviser à la muséographie. Les lieux seront non seulement transformés, mais aussi agrandis, notamment par un local technique, pour les besoins d’une exposition qui sera complètement multimédia et immersive. Il s’agit là d’un véritable atout puisque nous pourrons ajuster aisément les contenus à l’actualité, au fil de la construction européenne, mais aussi aux différents profils de visiteurs ! Les enfants découvriront des notions sur l’Europe adaptées à leur âge. Quant aux adultes, selon qu’ils soient plus ou moins familiers de l’histoire européenne, ils disposeront d’informations plus ou moins approfondies », révèle Tom Weber.
Au-delà de l’exposition, le bâtiment abritera des sanitaires rénovés, une mezzanine avec une salle de réunion et des bureaux pour le musée, un accueil touristique pour les visiteurs de la région au sens large, ainsi qu’une boutique de souvenirs.
C’est le 14 juin 2025, à l’occasion du 40e anniversaire de l’accord de Schengen, que cet ambitieux projet d’un coût total de 18 millions d’euros sera dévoilé au grand public. « Si la commune est bien porteuse du projet, le ministère du Tourisme est garant de son refinancement. Grâce à ces investissements et à des infrastructures qui seront désormais à la hauteur des attentes des visiteurs d’aujourd’hui, nous pensons pouvoir dépasser les 100.000 visiteurs par an, contre quelque 45.000 auparavant », indique le bourgmestre.
Pour l’échevin Jean-Paul Muller, nul doute que le musée « fera des vagues » : « cette nouvelle exposition attirera les visiteurs parce qu’elle n’a pas son pareil dans toute la Grande Région, voire au-delà, mais aussi parce que l’actualité, sur laquelle le musée jette un coup d’œil critique, nous rappelle que l’histoire des frontières est finalement très vivante ! ».
Un campus scolaire nouvelle génération
Mais la commune ne fera pas qu’attirer davantage de visiteurs, elle accueillera aussi de plus en plus d’enfants en raison de sa croissance démographique. Pour répondre à l’insuffisance prochaine de ses infrastructures scolaires, elle projette déjà la construction d’un complexe unique où seront scolarisés les élèves des trois écoles actuelles héritées de sa fusion. « La commune s’est beaucoup développée ces dernières années, si bien que nos trois écoles ne satisfont plus nos besoins. C’est pourquoi nous planifions un campus résolument moderne qui comprendra, entre autres, une école centrale, une maison relais et un hall sportif pour quelque 688 élèves en 2045, selon les projections que nous avons pu réaliser lors de la refonte du PAG. Ce projet, qui n’est pas dimensionné pour les dix prochaines années mais pour toute une génération, sera à mon avis le plus grand jamais réalisé à Schengen », affirme Michel Gloden.
À cet horizon 2045, l’école accueillera 60 élèves en précoce, 150 en préscolaire et 450 du C2 au C4. La commune a également planifié l’intégration de 2 centres de compétences, véritables atouts pour la région : « le campus comprendra 2 classes de logopédie, une pour le 1er cycle et l’autre pour le cycle 2, qui fonctionneront en quelque sorte comme une antenne régionale. Ainsi, les enfants de l’est du pays n’auront plus à se rendre jusqu’à Strassen pour corriger leurs problèmes de prononciation. En outre, un centre pour enfants et jeunes présentant un Trouble du Spectre de l’Autisme (CTSA) sera intégré au complexe. Il pourra accueillir 2 classes de 8 élèves », détaille Tom Weber.
Implanté sur un site naturel unique, les rives du grand lac du Baggerweier, à Remerschen, où la commune dispose d’un terrain de 6 ha, l’édifice sera construit en bois. Il bénéficiera de toitures végétalisées qui finiront de le fondre complètement dans la nature environnante. « Nous voulons concevoir un bâtiment conférant une haute qualité de séjour en recourant à des matériaux durables et sains qui sont peu émetteurs en CO2 à la fabrication et qui ne rejettent pas de particules ou de gaz nocifs après sa mise en service. De plus, nous cherchons à tirer profit des atouts du site, raison pour laquelle nous étudions la possibilité d’installer un système de chauffage et de refroidissement fonctionnant avec une pompe à chaleur alimentée par la température du lac », explique Marcel Bisenius.
Conçu conjointement avec des groupes de travail et de pilotage rassemblant toutes les parties prenantes (maîtres d’œuvre, corps enseignant, parents d’élèves, etc.), le site a été pensé pour répondre à un maximum de besoins : en plus de l’école fondamentale en tant que telle et des centres de compétences, il comprendra des réfectoires, des cuisines de production, une maison relais, des salles de motricité, un hall sportif avec des gradins d’une capacité d’environ 250 sièges destiné au sport scolaire et de club, des vergers et des potagers. « La volonté était aussi de créer un site qui vivrait en dehors des heures de cours. C’est pourquoi, en plus du terrain multisports réservé à l’école, nous avons planifié un second terrain ouvert au grand public. De même, entre les bâtiments se déploie un grand parvis ouvert à tout un chacun. Il pourra servir aux fêtes publiques ou aux manifestations sportives par exemple. Notre objectif est de créer un environnement convivial autour de ces nouveaux bâtiments », développe Jean-Paul Muller.
L’accessibilité au site a elle aussi été pensée dans les moindres détails. Le campus sera desservi par un réseau de mobilité douce (piste cyclable et voie piétonne) et une gare routière reliée par quatre à cinq lignes de bus dédiées au ramassage scolaire. Toutes ces lignes permettront de raccourcir le temps de trajet des élèves de manière que chacun ne transite pas plus de quinze minutes entre l’école et son domicile. Enfin, le parking existant sera réaménagé pour répondre aux besoins de l’établissement scolaire et des infrastructures sportives sans qu’aucune surface supplémentaire n’ait à être scellée. Ce cadre exceptionnel, les élèves de Schengen devraient pouvoir en profiter pour la rentrée 2028 ou 2029 !
Administration communale de Schengen
75, Wäistrooss
L-5440 Remerschen
www.schengen.lu